Philosophies chrétiennes au XXe siècle

Colloque de l’Académie Catholique du Val de Seine et de l’Association des philosophes chrétiens

Abbaye Saint Louis du Temple
91430 Vauhallan

8-9-10 juillet 2016

ARGUMENT

Une cloison étanche semble aujourd’hui séparer philosophie et théologie. Depuis l’époque moderne, chacune suit son propre destin, l’une sous l’autorité de la seule raison, l’autre se laissant guider par la Révélation ; l’une défend jalousement son autonomie, alors que l’autre se met délibérément à l’écoute d’une parole qui lui vient d’ailleurs. « Ose penser par toi-même », dit l’une. « Crois pour comprendre », réplique l’autre. Entre philosophie et théologie, entre Athènes et Jérusalem, la disjonction semble irréversible. Si l’hostilité entre elles n’est plus de mise, c’est au prix d’une ignorance réciproque. Mais cette logique disjonctive qui caractérise les temps modernes n’est pas un modèle standard.

Au XXe siècle, le christianisme et les philosophies ont aussi continué à converser à partir du renouveau thomiste, du spiritualisme français, du criticisme kantien ou de la phénoménologie allemande, pour ne citer que quelques courants.

Sans mener un bilan exhaustif, ce colloque patronné par l’Académie catholique du Val de Seine et l’Association de philosophie chrétienne, voudrait prendre en revisiter certaines figures centrales ou plus oubliées de ces philosophies. Celles-ci furent qualifiées tantôt « d’inspiration chrétienne », de « catholique », …notamment suite au célèbre débat de Juvisy de 1933 où intervinrent, pour ne citer qu’eux, Maurice Blondel, Jacques Maritain, Gabriel Marcel, Etienne Gilson, Edith Stein.

PROGRAMME

Ouverture du colloque
Jean-François PETIT (Institut Catholique de Paris, Académie Catholique du Val de Seine)

Conférence inaugurale
Philippe CAPELLE-DUMONT (Université de Strasbourg, Président de l’Académie Catholique de France)

I. SOURCES DE LA PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE

Claude BRUNIER-COULIN (Académie Catholique du Val de Seine) Saint Augustin, notre contemporain

Vivien HOCH (Docteur en philosophie)

II. LA PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE

Joseph NEMI NGUI (doctorant en philosophie, Institut Catholique de Paris)
La philosophie chrétienne selon Edith Stein

Michel FAYE (Académie catholique du Val de Seine)
Maurice Blondel, un augustinisme post-moderne ?

William NERIA (Philosophe, écrivain et conférencier)
Esquisse d’une philosophie de la personne chez Edith Stein, à partir de théologoumènes issus de l’oeuvre de Saint Jean de la Croix

III. OUVERTURES (I)

Marek LANGOWSKI (Doctorant en philosophie, Institut Catholique de Paris)
Emmanuel Mounier : être philosophe en 1949

Violaine de LARTIGUE (Doctorante en philosophie, Institut Catholique de Toulouse)
Bergson, un philosophe chrétien ?

Bernard BOURGEOIS (Académie des sciences morales et politiques)

Claire-Élizabeth BELLET-ODENT (Abbaye Saint Louis du Temple, Académie catholique du Val de Seine)
La pensée de Zundel, une intelligence de la foi chrétienne

David TORRIJOS-CASTRILLEJO (Universidad Eclesiastica San Dámaso, Madrid)
Franz Brentano et la néo-scolastique Allemande

Kurrian MUKKAMKUZHIL (doctorant en philosophie, Institut Catholique de Paris)
la christologie philosophique de Michel Henry et l’approche indienne de Raimon Panikkar

IV. OUVERTURES (II)

Stine Zink KAASGAARD (Søren Kierkegaard Research Centre, Université de Copenhague)
Kierkegaard et le chemin qui se divise en d(i)eux

Charles COUTEL (Université d’Artois, IEFR, Association Charles Péguy)
Philosophie et théologie : nouveaux rapports interdisciplinaires

Patrick BIZOT-ESPIARD (consultant, Association des Amis d’Emmanuel Mounier)

Gabriel N’FONGBE (Doctorant en philosophie, Institut Catholique de Paris)
La philosophie chrétienne de Franz Rosenzweig dans L’Étoile de la Rédemption

Alvaro Cortina URDAMPILLETA (Universidad Complutense de Madrid)
Attraction et impulsion. Interprétation aristotélicienne et téléologique dans “Les deux sources de la morale et de la religion”

Jean-François PETIT (Académie Catholique du Val de Seine) Philosophie et théologie en Europe

Ce colloque se propose d’étudier les questions suivantes : Sur quel sujet doit travailler, que doit penser et qu’est-ce que la philosophie française après les successeurs de Foucault, Lyotard, Derrida, Deleuze, Levinas ou Ricoeur ? La particularité de la philosophie française est que sa pratique est réfractaire à toute espèce d’identification, à toute assignation à quelque méthode de pensée prédéfinie. Une des curiosités de la philosophie française est d’avoir été qualifiée de « French Theory » pour désigner les philosophes français les plus influents des années 1960-1980 à travers le prisme de leurs réceptions, répercussions, et appropriations américaines.

Cette aventure française et ce qualificatif dans lequel nos philosophes français ne se reconnaissent pas trop devraient nous conduire à parler d’un « philosopher à la française » plutôt que de « philosophie française ». Le propre d’un philosophe français est d’abord de tenir à sa singularité, à préserver et à défendre ses propres positions, signe d’une oeuvre créatrice qui refuse de s’en tenir au courant de pensée qu’elle contribue elle-même à instaurer. Il est difficile de cerner la spécificité de la philosophie française tellement les penseurs médiatiques avec leur philosophie journalistique font écran à ceux qui veulent que la philosophie soit un travail patient, exigeant, novateur, qui mérite toute l’attention des lecteurs, parce qu’il permet de mieux comprendre notre monde, notre temps.

Nous chercherons à retrouver le cœur de la philosophie française, celle qui occupe les marges, les frontières, qui se situe entre théologie et philosophie, philosophie et littérature, sciences exactes et sciences humaines, pensée publique et pensée privée, institutions académiques et médias, philosophie du concept et philosophie du sujet, philosophie du langage et métaphysique. La philosophie française se place spontanément à ces points de croisement parce qu’ils pensent qu’une discipline déjà normée s’enrichit d’abord de tout ce que le dehors lui apporte.